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Éteignez vos portables pour bouger plus!
information fournie par The Conversation 19/11/2025 à 12:00
Temps de lecture: 6 min

Les écrans de loisir capteraient aujourd'hui plus de 60% du temps libre des Français. (crédit : Adobe Stock)

Les écrans de loisir capteraient aujourd'hui plus de 60% du temps libre des Français. (crédit : Adobe Stock)

La sédentarité et le manque d'activité physique favorisent la survenue de maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, cancers, etc.) et augmentent le risque de mort prématurée. Les données s'accumulent pour mettre également en cause le temps passé devant les écrans, car il accroît les comportements sédentaires.

L'espèce humaine se sédentarise. En effet, le temps moyen consacré aux activités sédentaires, dans de nombreux pays, est actuellement estimé de huit heures et demi à douze heures par jour, contre cinq à neuf heures par jour il y a vingt ans, si on se fie aux déclarations qui sont faites. En France, l'étude baptisée Esteban (pour Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) montrait, dès 2017, que le temps quotidien d'écran de loisir était passé de trois heures et dix minutes en 2006, à cinq heures et sept minutes en 2015.

Globalement, on observe une augmentation d'environ trois heures du temps sédentaire, ces quinze à vingt dernières années, qui est essentiellement due aux écrans de loisir. Et ce temps sédentaire est directement lié à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues.

Sédentarité et inactivité physique, pratiques à risque pour la santé

Rappelons que la sédentarité est définie par le temps diurne passé assis ou couché dans une position statique qui nécessite de faibles niveaux de dépense énergétique. Elle est un facteur de risque pour la santé au-delà de sept à huit heures quotidiennes. Elle se distingue d'un autre facteur de risque, l'inactivité physique quotidienne qui est définie par le fait de faire moins de trente minutes d'activité physique par jour, car leurs impacts physiologiques sont différents.

Dans les faits, il est parfois difficile de séparer ces deux facteurs de risque alors que nous savons que leur association augmente la prévalence de nombreuses maladies chroniques (diabète, cancers, maladies cardiovasculaires, etc.).

Moins bouger diminue l'espérance de vie, comme le démontre le rapport alarmant publié par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Celui-ci révèle que la sédentarité associée l'insuffisance d'activité physique est le quatrième facteur de risque de mortalité prématurée.

Environ 3,2 millions de décès dans le monde lui sont imputés chaque année. Ces risques sanitaires ont également des répercussions socioéconomiques, car d'ici à 2030, donc demain, on estime que, dans les pays à revenu élevé, environ 70% des dépenses de santé seront consacrées au traitement des maladies résultant de l'inactivité physique.

Malheureusement, le «pli est pris» et la prévalence mondiale de ces comportements inactifs et sédentaires est en constante augmentation passant de 23% en 2000 à 26% en 2010 pour atteindre 31% en 2022.

Force est de constater que, malgré les nombreuses recommandations des sociétés savantes et diverses actions entreprises dans les vingt dernières années, les citoyens du monde amplifient ces comportements délétères.

Smartphone et canapé : même combat

Les seules injonctions à «plus bouger» montrent donc leur insuffisance. Pourquoi?

Principalement parce que notre environnement a radicalement et brutalement changé. La numérisation de nos vies, accélérée par l'apparition des smartphones en 2007, a bouleversé nos comportements et nous sédentarise. Dans cette nouvelle vie numérique, il faut différencier les écrans professionnels indispensables et non modulables et les écrans dits de loisir, télévision, consoles de jeux, tablettes et smartphones.

Selon un sondage, ces écrans de loisir capteraient aujourd'hui plus de 60% du temps libre des Français. Quant aux activités hors domicile, faire du sport, aller dans un lieu culturel, faire les magasins, elles ne représentent plus que 16,8% du temps libre. On l'a compris, la surconsommation du smartphone, qui est devenu l'écran essentiel, entraîne la surconsommation de chaise et de canapé.

Les risques augmentent avec le temps passé devant un écran

Pour apprécier l'impact des écrans de loisir sur la santé physique via les comportements sédentaires, il est inutile de s'attarder sur la notion qualitative de la consommation de smartphone et ne retenir que la notion quantitative. Cette mesure, certes simpliste pour les spécialistes de la santé mentale qui travaillent sur l'impact neurocognitif des écrans, est totalement recevable puisque l'utilisation du smartphone augmente accroît les comportements sédentaires.

Notons au passage que les nombreux articles sur la dépendance aux écrans et leurs impacts neuropsychologiques semblent masquer, aux yeux du grand public, le grand danger sanitaire, immédiat, du numérique de loisir qu'est la sédentarité induite. La population ne sait pas que les risques pour la santé augmentent avec le temps passé devant un écran. Une étude australienne a ainsi montré une augmentation de 48% de mortalité́ chez les sujets qui passaient plus de quatre heures par jour sur les écrans comparativement à ceux qui y passaient moins de deux heures. Le risque d'évènements cardiovasculaires est augmenté de 125% chez ceux qui y passent plus de deux heures par jour.

Perdre sa santé… à scroller sur un écran

Réduire sa consommation quotidienne de smartphone est une thérapeutique non médicamenteuse évidente et ceci pour toutes les populations et pour tous les âges.

Sur ces bases, nous avons initié en 2022, dans le territoire de Brest, une action de santé publique intitulée «Posons nos smartphones» avec ce slogan «du smartphone en moins, de la santé en plus». Ce défi proposait aux volontaires de réduire d'une heure par jour leur consommation de smartphone pendant une semaine.

Pour en mesurer l'impact, nous avons concomitamment réalisé une étude épidémiologique quantitative et descriptive à partir de données déclaratives au moyen de deux questionnaires en ligne (un avant et un après le défi). Parmi les 490 participants ayant répondu aux questionnaires, seuls 126 (25,7%) ont réussi le défi dont le critère de succès était une diminution du temps passé sur leur smartphone de plus de soixante minutes.

Ceci illustre le fait que, même pour une population de personnes volontaires, il est difficile de modifier son quotidien et de réduire d'une simple heure par jour sa consommation de smartphone.

Mais, parmi ces 126 participants, 112 (89%) ont augmenté leur nombre de pas quotidiens, et donc leur activité physique. En moyenne, les participants qui ont réussi le défi ont réduit leur utilisation du smartphone de 110,57 minutes et ont augmenté leur nombre de pas de 841.

On peut anticiper un double bonus santé, car ces 112 sujets ont positivement agi sur deux facteurs de risque différents. Premièrement, sur la sédentarité en sachant que réduire la sédentarité réduit aussi le risque de décès prématuré. Deuxièmement, sur l'inactivité physique, car on sait que onze minutes de marche supplémentaires par jour suffisent à diminuer aussi le risque de décès précoce. Il est peu probable qu'un médicament «futur» puisse approcher ces bénéfices impressionnants.

«Le smartphone, c'est trois heures par jour et pas tous les jours»

Limiter le temps passé devant un smartphone est une stratégie innovante et à explorer pour réduire l'inactivité physique et la sédentarité, nouveaux facteurs de risque du XXIe siècle, dont le coût pour l'Assurance maladie est estimé à 500 millions d'euros par an, en France.

Le chemin vers la bonne santé, que l'on propose, pavé de réductions de consommation d'écran de loisir, est d'une rare simplicité.

Il faut donc par de la pédagogie et des informations validées, faire connaître les effets indésirables du numérique de loisir sur la santé physique et promouvoir sa bonne utilisation, notamment quantitative, à tous les âges et pour toutes les populations.

Nous proposons, même si la formule est plus médiatique que scientifique, cette prescription : «Le smartphone, c'est maximum trois heures par jour, et pas tous les jours.»

Enfin, nous proposons, pour rendre définitivement valide à grande échelle la formule, un défi national, dupliquant notre action «Posons nos smartphones».

Par Yannick Guillodo (Docteur en médecine; médecin du sport, Université de Bretagne occidentale) et Alain Saraux (Professeur de médecine, Université de Bretagne occidentale)

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Cet article est issu du site The Conversation

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